Surabaya, le défi de l’eau 

Bienvenue dans une métropole où vous ne croiserez pas un Occidental. 

Fait singulier. 

Aucun d’entre nous n’avait jamais eu l’expérience de se confronter à une telle métropole, moderne et étendue, sans croiser des Occidentaux à chaque coin de rue. 

Surabaya, deuxième ville d’Indonésie, détonne. Dernière étape de notre périple Indonésien, elle fut pour nous une belle source d’information. 

Grâce à Pétronille et sa prospection, nous avons rencontré Justitiana, une locale travaillant pour le PDAM de Surabaya : l’entité en charge de la distribution de l’eau potable. 

Dans un premier temps, Justi décida de nous faire visiter différents restaurants de la ville pour échanger sur notre action et sur ses missions. Ce tour gastronomique fut une belle occasion de mieux nous connaître, de briser la glace et ainsi d’avoir des échanges plus libérés avec elle.

Surabaya, comme la majorité de l’Indonésie, est musulmane. Dans le paysage, nous sommes ainsi des OVNIS. Et l’on ne se fond pas si facilement au sein de la population. 

Pourtant avec Justi, les échanges sont équilibrés et notre différence semble au contraire lui plaire. Elle qui a vécu à l’étranger et notamment en France semble heureuse que des gens de l’extérieur viennent en apprendre plus sur sa ville et ce qu’elle fait. 

Elle nous organise ainsi une journée au sein de l’école d’ingénieurs de la ville. Nous sommes reçus en grande pompe par une délégation d’étudiants, de professeurs et de collaborateurs divers en vélos. Suivis d’un cortège de caméras. Il semble que recevoir 4 Français à vélo soit une première pour eux. Une occasion à célébrer.

On nous fait visiter le campus pour y découvrir les locaux et les installations d’irrigation, de récupération de l’eau de pluie et de filtration. Nous discutons longuement avec un vieil homme qui nous explique avec beaucoup d’émotions qu’il a dédié ses dernières décennies à développer un système viable pour le campus. Il nous dit à modestement que beaucoup de choses restent à faire mais il apparaît clairement que ses installations sont probablement les plus efficaces de la ville. Mais comment les déployer en dehors du campus ?

S’ensuit une conférence où nous présentons notre projet et ce que l’on apprit. Session questions-réponses, dernier tour en vélo avec les professeurs et direction notre prochaine étape : le PDAM. 

On plonge au cœur de la ville. Au cœur des ses artères et de ses veines. Et approvisionner l’ensemble du corps de Surabaya n’est pas chose aisée. Face à l’écran de contrôle, on comprend la complexité du sujet. La ville est immense. Et inégalement développée.

Voilà ce que l’on a compris :

  • Par pragmatisme, des zones ne sont pas approvisionnées en eau. Le Nord-Ouest de la ville est une zone d’habitations vétustes, mi-bidonvilles mi-délabrées. Pour les autorités, la zone est trop complexe à raccorder au système, le choix a donc été fait de ne pas l’approvisionner.
  • La maintenance est un défi immense. 80 milliards de dollars pour rénover 1000 kms de canalisations sont nécessaires. Sans ces rénovations, jamais l’eau ne sera potable. Mais comment obtenir une telle somme ?
  • L’IoT (Internet of Things) facilite immensément le travail sur le terrain en permettant d’identifier immédiatement les fuites et les problèmes divers sur le système. Les innovations au service du concret sont essentielles pour les pays émergents tant elles permettent d’accélérer les processus de développement.